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les marchands dans le temple 2.0.
3 janvier 2003

Pas de fumée sans feu… par ben.oïde

fumee
Image: D.R.

La belle époque d’après guerre a vu fleurir au coin du bec de nos héros du grand écran de belles et lumineuses cigarettes. En ce temps-là elles brillaient de mille feux, comme avait brillé l’espoir que nos cousins américains viennent nous sauver du fâcheux péril fasciste que nous avions laissé se répandre, faute à la passivité de feu la SDN (Sociétés des Nations, ancêtre de L’ONU). Les publicistes avertis d’alors haranguaient la foule pour qu’elle remplisse ses poumons de l’envoûtante fumée, sans se soucier des éventuels effets secondaires. L’humain allait démontrer sa fascinante capacité à se jeter de lui-même dans l’abîme, quid des farines animales ou du sang contaminé. Le potentiel de séduction de la belle aux volutes bleutées n’allait que grandissant, mais c’était sans compter le réveil difficile, façon lendemain de cuite.

Alors que les premières études démontraient les risques liés au tabagisme, les marchands de cigarettes payèrent d’éminents scientifiques chargés de démontrer à la foule que fumer n’était pas dangereux pour la santé, poussant le paroxysme de l’ignominie à clamer que cela pouvait même être bon. Malheureusement, on a vite constaté dans les décennies qui suivaient, la cruelle réalité des pathologies liées au tabac.

Les fabricants de cigarettes ne se sont pas offusqués de la morts de milliers d’individus, mais de la perte de clients. Aussi, malgré le nombre grandissant de lois prohibitives (interdiction de faire des publicités, paquets de cigarettes surtaxés…), les chefs d’entreprise de ce marché fort lucratif n’ont jamais cessé d’améliorer la composition chimique de leurs produits, afin d’en augmenter l’addiction, tout comme ils n’ont pas non plus cessé de séduire une clientèle de plus en plus jeune, bénéficiant même de campagnes de lutte contre le tabagisme à l’attention des jeunes, du style « Fumer, c’est les adultes qui ont le droit ». Quelle meilleure publicité que de dire cela. Comme ça, dans la tête d’un jeune, pour être grand, il faut fumer.

Bordel de merde, une entreprise a donc le droit de vendre du poison en paquets sans que cela alerte les pouvoirs publics.
Ces très chers pouvoirs publics, dans un pays comme la France, se plaignent du trou béant de la sécurité sociale et ne trouvent comme solution pour endiguer la consommation de cigarettes que l’augmentation des prix, histoire de se remplir les poches d’un côté au prix de vies d’hommes et de femmes, quitte donc à financer leurs morts prématurées.

Aussi, comme on aime à le faire assez souvent, on aime à culpabiliser les fumeurs en mettant sur les paquets de cigarettes des mentions angoissantes, comme cela nos chers dirigeants peuvent dormir sur leurs deux oreilles puisqu’ils nous ont prévenus. Le pathétique ne s’arrête pas là puisque des employés de l’ex-Seita, aujourd’hui Altadys, manifestaient, il n’y a pas si longtemps pour ne pas perdre leurs emplois dans l’industrie de la mort.

Par ailleurs, on décrit l’addiction comme étant uniquement lié aux effets de la nicotine sur l’organisme. Personne ne prend le risque, dans les hautes sphères, de lancer des recherches précises sur les composants chimiques exacts concoctés par les chimistes des fabricants de tiges, ces composants étant plus vraisemblablement le savant cocktail addictif. Tout cela relève pourtant d’une question de santé publique, mais les enjeux économiques sont tels qu’on préfère ramasser le blé et faire profil bas, un peu comme pour les effets dévastateurs de la pollution automobile. Là aussi, les groupes pétroliers exercent de telles pressions qu’il est rare de constater l’aboutissement de programmes de recherche concernant les énergies nouvelles.

Je suis vraiment trop naïf, et je l’admets. Je sais pourtant que de nombreux chercheurs se dévouent dans la lutte pour la recherche contre le cancer, j’ai bien conscience de cette réalité. Malheureusement force est de constater que certaines démarches visant à protéger la fragile existence de l’homme ne pèsent pas bien lourd face aux portes-monnaies des grands de ce monde.

© ben.oïde 2003

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Commentaires
B
Beaucoup de choses justes dans cet article. On sourit simplement de voir à quel point le décollage de "l'économie verte" n'était alors qu'une lubie de prospectivistes acharnés qui demeuraient la risée des libéraux de tous poils... Les mêmes qui se sont rués avec avidité sur le gâteau, une fois découvertes les potentialités en dollars et en renouvellement des produits de consommation de ce nouveau et juteux marché !
les marchands dans le temple 2.0.
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